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Radio Publique Africaine
“La voix des sans voix”

Madiba, un médiateur désiré

Madiba, un médiateur désiré

 Le 18 juillet, le monde célèbre Nelson  Mandela ancien président  sud-africain. Egalement médiateur dans le conflit burundais des années 1900, 10 ans après sa mort, il reste inoubliable. Pays à nouveau secoué par une crise politique, des politiciens burundais se rappellent de son rôle dans la résolution de la crise précédent l’actuelle.

 “C’est une source de fierté immense de retour à Bujumbura pour célébrer ce moment historique dans le long processus pour la paix, la démocratie, la stabilité et une meilleure vie pour les gens. Aujourd’hui est un grand jour pour le Burundi, pour la région des Grands Lacs, pour l’Afrique et pour le monde.’’ A déclaré Nelson Mandela lors de sa visite à Bujumbura en 2000 après la signature des accords de paix et de réconciliation des Burundais à Arusha en août la même année 2000.

Le médiateur dans la  crise sanglante qui a  suivi  l’assassinat du Président Melchior Ndadaye n’a pas manqué de conseiller les leaders burundais.

‘’Ne nous trahissez pas, ne trahissez pas le monde, mais surtout ne vous trahissez pas vous-mêmes, ni vos concitoyens. Votre pays a suffisamment saigné, lui et ses habitants méritent la paix !’’ Disait-il  à la classe politique qu’il avait suffisamment côtoyée durant la période des négociations.

Cette classe reconnait son rôle dans l’aboutissement du processus. ‘’Mandela était dur avec toutes les parties, il n’avait peur de personnes. Il nous parlait  avec franchise, nous forçait d’ailleurs quelques fois. C’était un homme au bâton et à la carotte’’, témoigne  Léonce Ngendakumana, un des leaders du parti Sahwanya Frodebu, parti du Président Ndadaye, qui ont participé aux négociations.

Il avait bien analysé le Leadership burundais, complète Dr Alphonse Rugambarara également participant à ces  négociations d’Arusha. ‘’Ce n’était pas facile, nous n’étions pas très coopérants  pour aller résolument vers la réconciliation. Mandela avait pris à cœur sa mission de réconciliation, la recherche de l’équilibre et la compréhension de tous les points de vue était recherché.’’ Précise  Dr Alphonse Rugambarara qui était président du parti MSP-Inkinzo y'Ijambo ry'Abarundi.

Après seulement une dizaine  d’années  d’accalmie, le Burundi a replongé dans une autre crise liée à  la gouvernance du pays. Ces accords d’Arusha qui consacrent  l’unité et  la cohésion du peuple burundais, le partage du pouvoir, la stabilité du pays, un nouvel ordre politique  et social ne sont plus respectés. Une situation qui choquerait l’icône mondiale de la paix, affirment les politiciens.

‘’S’il revenait il serait très déçu de voir que les burundais n’ont pas pu garder, mettre en application ces accords d’Arusha.  Il nous qualifierait de menteurs, d’irresponsables et hypocrites’’, estime Léonce Ngendakumana.

Et Alphonse Rugambarara d’ajouter que si Madiba voyait le Burundi de 2023, ‘’il constaterait que ce dont il avait parlé s’était réalisé au grand dam du peuple Murundi : la trahison des Leaders vis-à-vis du peuple Murundi.’’

Le 18 juillet, date de naissance du Président Nelson Mandela dit Madiba, a été déclarée Journée Internationale  Nelson Mandela en 2009 par les Nations-Unies. ‘’Une occasion de réfléchir sur la vie et l'héritage d'un défenseur mondial légendaire de la dignité, de l'égalité, de la justice et des droits de l'homme.’’  Et Nelson Mandela  mourra  le 05 décembre 2013  à l’âge de 95 ans.

Le coup de Genève, un impair diplomatique

Le coup de Genève, un impair diplomatique

La délégation burundaise devait présenter son rapport devant le Comité des Droits de l’Homme le 03 et 04 courant à Genève. Ce que la délégation  n’a pas fait car elle avait posé un préalable au comité qui n’a pas été satisfait.

 

 Le préalable soumis  ce lundi 03 juillet au Comité des Droits de l’Homme disait:’’ qu’il était hors de question que la délégation présente son rapport en présence de certaines personnes qui se réclament de la société civile œuvrant à l’extérieur du pays alors qu’en réalité ce sont des criminels qui ont été condamnés par la justice burundaise et dont la liste a été remise au comité.’’

Au refus du Comité des Droits de l’Homme, la délégation burundaise qui comprenait une quinzaine de personnes, des ministres et des hauts cadres de l’Etat, ont décidé de sortir et la séance s’est poursuivie sans eux.

Un ancien ministre burundais des relations étrangères explique que cette  gaffe commise  au  premier jour de la 138ème session du comité des Droits de l’Homme est imputée au gouvernement burundais ‘’à moins que celui-ci ne désavoue les propos de la délégation.’’

 ‘’Le gouvernement du Burundi n’a pas d’injonction à donner aux Nations-Unies’’, rappelle l’ambassadeur  tout en soulignant que ‘’les séances du Comité des Droits de l’Homme sont publiques. Le gouvernement du Burundi n’est pas habilité à réduire l’espace ni les droits reconnus à la société civile qui souvent est appelée à contribuer aux débats.’’

Pour l’ancien ministre, le régime Ndayishimiye vient d’afficher  le mépris qu’il a vis-à-vis d’un partenaire avec lequel le gouvernement a pourtant signé des engagements. Et l’objectif recherché, ajoute l’ambassadeur consiste ‘’ à  créer une situation confuse’’ où le Burundi ne soit pas obligé d’assumer les innombrables violations des droits de l’homme dont il est coupable. Ici, il parle d’assassinats, disparitions de citoyens, tortures, emprisonnements sommaires et arbitraires, procès politiques, parodies judiciaires, exil d’innocents, violations de la loi, atteintes aux droits humains et aux libertés fondamentales, restriction drastique de l’espace médiatique, disparition des partis politiques.

Un ancien  haut cadre du système onusien fait aussi sa lecture. C’est une  situation grave qui prouve l’absence de liberté d’expression au Burundi et l’intolérance qui caractérise les dirigeants  burundais ‘’qui n’arrivent pas à accepter la présence d’une personne dans un forum comme celui des Nations-Unies alors qu’ils savent très bien qu’ils ont une marge de manœuvre très limitée !’’

Origine de la déchirure actuelle de la société burundaise

L’annonce de la candidature pour le 3ème mandat de feu Président Pierre Nkurunziza en 2015 est la goutte qui a fait déborder le vase. Beaucoup de membres de la société civile, de militants des droits de l’homme, de journalistes, et d’opposants politiques ont été poursuivis et condamnés parce qu’ils avaient osé s’opposer au 3è mandat illégal de feu Président Pierre Nkurunziza qui, par la suite,  a été condamné par la Cour de justice de l’EAC et la Commission africaine  des droits de l’homme  dans les décisions rendues publiques respectivement  le 25 novembre 2021 et le 10 juin 2023.

Sur ce, l’ancien chef de la diplomatie burundaise estime que ‘’ceux qui ont défendu la constitution et les Accords d’Arusha devraient plutôt être considérés comme des héros et non comme des criminels.’’

 

 

 

 

 

La CVR « devrait être suspendue !» Société civile, experts et politiciens insistent

La CVR « devrait être suspendue !» Société civile, experts et politiciens insistent

La désignation de Pierre Claver Ndayicariye à la tête de la Commission Vérité Réconciliation (CVR) visait une mission claire. Les acteurs de la société civile, les politiques convergent sur ce point. L’ancien président de la CENI n’était pas  l’homme de la situation. Le travail de la CVR sous sa direction risque d’attiser la haine ethnique. Plusieurs voix burundaises demandent que le travail de cette commission soit plutôt suspendu.

 

En huit ans de mission, la Commission Vérité Réconciliation a déjà publié son premier rapport. Mise sur pieds pour enquêter sur les crimes qui ont endeuillé le Burundi depuis 1885  jusqu’en 2008 (Loi n°1/022 du 6 novembre 2018 portant création, mandant, composition, organisation et fonctionnement de la Commission Vérité et Réconciliation),  la CVR a débuté par la crise de 1972.  ‘’La période la plus emblématique de l’histoire ensanglantée du Burundi post colonial’’, explique la CVR sur la page 48 du résumé exécutif du rapport d’étape de décembre 2021.

Débuter par les évènements de 1972 a prouvé la mission dangereuse assignée à la commission, déplorent des acteurs de la société civile et des politiques. La CVR manque d’experts nécessaires pour rendre  un résultat scientifique digne de cette qualification, dénoncent les scientifiques et experts du domaine de la justice transitionnelle.

 

‘’La CVR est un département du CNDD-FDD’’

 

 La Commission Vérité Réconciliation  est accusée de travailler pour le solde du parti  CNDD-FDD. A propos de l’hypothèse qu’elle serait instrumentalisée par le parti au pouvoir  de peur de devoir répondre des crimes commis par les rebelles du FDD aujourd’hui au pouvoir, Alexis Sinduhije, président du parti MSD, répond :’’Le Burundi a de graves problèmes liés à son passé douloureux. Du  sang a été versé, plusieurs familles endeuillées. C’est très délicat. Pour résoudre le problème, nous devons dépasser nos peurs et intérêts personnels. Un dirigeant doit mettre de côté ses intérêts et œuvrer pour l’intérêt général.’’

Alexis Sinduhije aligne la CVR sur la liste des différents départements du parti au pouvoir le CNDD-FDD. Un outil de propagande de ce parti, dit-il. 

 La CVR, une alternative au manque de projets politiques

 

 Léonidas Hatungimana, président du parti PPD-Girijambo également  ancien membre du parti CNDD-FDD rejoint Alexis Sinduhije pour qualifier la CVR d’outil de propagande du parti CNDD-FDD. L’ancien porte-parole du président de la République Pierre Nkurunziza explique un peu plus.

’Le CNDD-FDD n’a aucun projet qui l’aiderait à être reconduit à la présidence du pays en cas d’élections libres et transparentes. Ils n’ont que la seule option de manipuler la corde ethnique pour garder l’électorat Hutu qui est le plus grand.’’ 

Le président du parti PPD-Girijambo avertit  les burundais surtout de l’ethnie Hutu que la mission de la CVR actuelle n’est pas de leur apprendre la vérité sur leur pays et d’aider à la réconciliation de la société burundaise. Selon Hatungimana, CVR agit pour des fins électorales.

 

Hatungimana:

 ‘’Pierre Claver Ndayicariye, un acteur de la crise burundaise’’

 

Dans un communiqué conjoint  du 28 juin lors de la mission de la CVR en Belgique, une dizaine d’organisations de la société civile burundaise désavoue la personne de Pierre Claver Ndayicariye, président de la CVR depuis 2018. Alors qu’à Arusha, les participants aux négociations se sont convenus que la commission devrait être confiée à un groupe inspirant confiance, son président est contesté par plusieurs burundais.

 

Pour Vital Nshimirimana qui s’est exprimé au nom de 19 organisations, Pierre Claver Ndayicariye n’est  pas l’homme de la situation vu le résultat de ses deux dernières missions. En qualité de président de la commission électorale nationale indépendante (CENI) rappelle-t-il, ‘’il a organisé une élection contestée par beaucoup de partenaires politiques dans un contexte de troisième mandat ce qui fait de lui un acteur clé de la crise burundaise qui a éclaté en 2015.’’ 

Ndayicariye  perdra également sa crédibilité, ajoute le Délégué Général du Forum pour le Renforcement de la Société Civile, avec l’organisation du référendum constitutionnel en mai 2018 qui a enterré les accords d’Arusha, base de la cohésion sociale et la stabilité au Burundi. Une activité qui a précédée  de quelques mois sa nomination à la tête de la CVR en pleine crise politico-sécuritaire liée au troisième mandat de feu Pierre Nkurunziza.

 La  CVR reprochée de partialité et de manipulation des informations reçues 

 

 Emery Kameya, président de la Diaspora Burundaise de Belgique affirme que la CVR à travers  ses actes a démontré qu’il ne veut pas vraiment découvrir la vérité. ‘’La CVR n’écoute pas une partie de la population burundaise’’,  dénonce Emery Kameya qui ajoute qu’ils n’ont trouvé aucun intérêt à répondre aux activités organisées par la CVR le mois dernier de juin à Bruxelles car ‘’ la CVR transforme certains témoignages en les façonnant à sa guise.’’

Une délégation de la CVR  a rencontré du 28 juin au 1er juillet cette année des burundais à Bruxelles pour leur parler de sa mission, des résultats atteints et recueillir  des témoignages de burundais.

 La CVR devra expliquer comment elle a pu identifier les restes des Hutus 

 

Louis-Marie Nindorera, expert en justice transitionnelle  critique le travail de la CVR fait sans   expertises requises et outils nécessaires.  Dans son rapport décrié de 2021, la CVR  dit avoir déjà exhumé 19 897 victimes confirmées de la crise de 1972.

Pour lui, ‘’ La CVR devra expliquer aux burundais sur  base de quoi  ils ont affirmé qu’un tel reste est d’un Hutu qui a été tué en 1972 vu qu’ils ne se basent que sur des témoignages sans faire recours à aucune méthode scientifique pour confirmer ces témoignages.’’

Nindorera:

 Prévu dans les Accords d’Arusha qui ont mis fin à la guerre civile au Burundi, les scientifiques, politiques et acteurs de la société civile parlent déjà d’échec de ce projet politique dont le but est de faire connaitre la vérité sur le passé du Burundi et réconcilier les burundais. Pour eux, ce projet politique  a été détourné par le régime CNDD-FDD et  le travail tel qu’accompli risque d’attiser la haine ethnique et déchirer de nouveau la société burundaise. 

Les 19 signataires du communiqué conjoint, les politiciens que nous avons  fait réagir, la diaspora burundaise de la Belgique et les scientifiques tous appellent à la suspension de l’actuelle CVR pour relancer  une CVR conforme à l’esprit d’Arusha quand le Burundi aura sorti de la crise en cours dans un contexte favorable pour  tous les  burundais.

 

Le torchon brûle au sein du CNL

Le torchon brûle au sein du CNL

Suspension ce 28 juin  de  11 membres du parti CNL. Agathon Rwasa,  président du Congrès National pour la Liberté les accuse, entre autres, de dissidence et d'insubordination. Deux jours avant cette suspension, ces ‘’dissidents’’ avaient sorti un communiqué dénonçant l’attitude de leur président.

 

Tous les 11 militants du CNL suspendus depuis ce mercredi sont des hauts cadres de ce parti. La plupart d’entre eux sont des députés à l’Assemblée Nationale du Burundi. Il s’agit de Nestor Girukwishaka, secrétaire national à la diplomatie, Pélate Niyonkuru secrétaire nationale aux trésors et aux projets, Bernard Ndayisenga secrétaire national à la sécurité, Térence Manirambona, secrétaire national à la communication, Félix Mpozeriniga, conseiller à la présidence du parti, Léopold Hakizimana, conseiller au secrétariat général du parti, Marie Immaculée Ntacobakimvuna, secrétaire nationale à la promotion féminine, Godeberthe Hatungimana, secrétaire nationale aux affaires sociales et à la discipline, Jean Berchmans Mbanye, régional Imbo-Mirwa, Zénon Bigirimana, régional Kirimiro-Mugamba, et la députée de l’Assemblée législative de la communauté de l’Afrique de l’Est Cathy Kezimana.

Agathon Rwasa les considère comme des dissidents. Il évoque dans sa décision les communications de contestations que ces partisans du Congrès National pour la Liberté ont faites ces derniers mois. Ils se sont constitués en groupe de dissidents pour remettre en question les décisions des deux conventions nationales du parti à travers les réseaux sociaux depuis le 30 avril, explique Agathon Rwasa.

Selon lui, certains d’entre eux ne transmettent plus de rapports d’activités. Le président du parti CNL indique aussi  qu’ils n’ont pas fait de suite aux différentes demandes d’explication. L’article 2 de la décision d’Agathon Rwasa prévoit le remplacement de ces hauts cadres de l’organe national du parti CNL en fonction des nouvelles délimitations des provinces du pays.

 

Le camp mis sur le banc de touche relève  de son côté les  manquements  de la  présidence du parti  

 Ce lundi 26 juin 2023, 10 des 11 membres  du CNL suspendus ont sorti un communiqué dans lequel ils ont fait savoir que ‘’la crise politique que traverse le parti CNL depuis bientôt 8 mois, est d’origine interne.’’  Donc que c’est pour cette raison qu’ils rejettent catégoriquement les accusations  d’Agathon Rwasa, le président du parti CNL, qui  affirme que le climat malsain qui règne au sein de ce parti  est causé par ‘’l’ingérence des pouvoirs publics dans les affaires internes du parti’’ et que ces derniers veulent  ‘’créer un CNL Nyakuri.’’

Les 10 politiques, membres du bureau politique du CNL, estiment que  ces ‘’mensonges’’ proliférés par Agathon Rwasa puis relayés par ses proches ‘’est un moyen qu’ils utilisent pour salir, réduire au silence et écarter toute personne qui ose dénoncer les manquements graves qui entravent au bon fonctionnement de ce parti politique.’’  Ainsi, selon ces  hauts cadres du CNL, cela démontre qu’ils veulent manipuler l’opinion et semer la haine et la division au sein des militants de ce parti.

En concluant ce communiqué, les 10 membres du bureau politique du CNL ont demandé aux autres militants du parti ‘’de s’investir pour le respect des textes fondamentaux du parti et d’encourager le dialogue entre les organes dirigeants du parti’’ car pour eux c’est l’unique voie de sortie de la crise politique que le parti CNL traverse actuellement.

Les activités du Congrès  National pour la Liberté sont suspendues sur tout le territoire national depuis le début du mois dernier de mai.  Annonçant la décision, Martin Niteretse  le ministre de l’intérieur a expliqué que la mesure a été prise pour éviter d’éventuelles échauffourées  entre parties au conflit.

 

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